Quand néophytes et experts croisent le fer

Les différences de calibre dans les compétitions des Jeux du Québec donnent souvent l’impression aux athlètes de parcourir des montagnes russes, mais c’est un vertige qu’ils aiment.

Visant à la fois la représentativité de toutes les régions dans tous les sports et la poursuite de l’excellence sportive, les Jeux du Québec rallient des amateurs qui pratiquent leur sport une fois par semaine et des champions provinciaux ou nationaux, qui ont le droit comme les autres de représenter leur région.

Par exemple, hier, au tournoi d’escrime masculine auquel nous avons assisté, il y avait les Pirates de Rimouski, des jeunes qui jouent de l’épée une fois par semaine et qui avaient gagné l’extraordinaire honneur de représenter l’Est-du-Québec.

Dans le même tournoi combattait aussi la rutilante équipe du programme sports d’élite du Collège Jean-de-Brébeuf, des escrimeurs qui s’entraînent six heures par semaine et qui ont permis aux régions de Montréal et Lac-Saint-Louis de briller de tous leurs feux.

Les débutants apprennent des plus expérimentés

«C’est très bon, pour ces jeunes qui commencent, d’être en contact avec des escrimeurs plus expérimentés et habitués à la compétition», estime Jean Boisvert, le père de l’escrimeur Tristan Boisvert, du Collège Jean-de-Brébeuf, médaillé d’or en équipe, avec Shon Boublil, pour la région de Montréal.

«Avec son équipe collégiale, mon fils, lui, joue contre des adultes, dans certains tournois.

«C’est excellent, cette rencontre entre la jeunesse fringante et l’expérience tranquille.

«Ils apprennent des deux côtés.»

 Les champions découvrent qu’il ne faut jurer de rien

Les témoignages recueillis auprès de quelques athlètes abondent dans le même sens.

Ainsi, si les jeunes de Rimouski ont pris les bouchées doubles cette semaine pour se maintenir au niveau des excellents escrimeurs qui menaient le tournoi, ces derniers ont été parfois déstabilisés sur un territoire qu’ils croyaient sans piège.

Le favori Shon Boublil, à l’épreuve individuelle, a dû se contenter du bronze parce qu’il s’est cru en terrain conquis.

«Comme j’avais déjà battu mon adversaire 15-3, je ne me suis pas méfié et ça m’a coûté cher», relatait Boublil, un jeune Québécois né en Israël d’une mère russe et escrimeuse de haut niveau.

«Mais j’ai appris quelque chose», poursuivait le jeune homme, qui a vite pansé sa blessure d’orgueil grâce à sa victoire en équipe, avec Boisvert, hier.

Son coéquipier a lui aussi tiré un enseignement de ces Jeux, en tant qu’athlète, même s’il voyait l’événement plus comme une fête que comme une compétition.

«Le petit gars de Rimouski était gaucher et ça ne m’est pas arrivé souvent d’avoir à combattre un gaucher», racontait à son tour Tristan Boisvert, cinquième à l’épreuve individuelle.

«C’était une difficulté imprévue.»

Dur métier que celui de parent d’athlète

Il faut voir l’éclat dans les yeux des athlètes moins expérimentés quand ils réussissent à arracher un seul point au compétiteur de haut calibre qu’ils doivent affronter.

Quand on aime la compétition, il n’y a rien comme perdre vaillamment aux mains d’un redoutable adversaire d’un niveau supérieur.

Finalement, il n’y a que les parents des débutants – encore un peu «poules» – qui ont du mal avec ces montagnes russes que sont les Jeux du Québec.

Mais c’est juste le métier de parent d’athlète qui rentre.

  • C’est l’escrimeur Benjamin Mappin-Kasirer, de la région du Lac-Saint-Louis, qui a remporté l’épreuve individuelle d’escrime masculine à l’épée, aux Jeux du Québec. L’argent a été obtenu par un autre athlète du Lac-Saint-Louis, Milosz Rowicki, alors que deux médailles de bronze étaient décernées à David Boisseau, des Laurentides, et Shon Boublil, de Montréal, qui affichaient des scores identiques. Quant à l’épreuve en équipe, c’est Montréal qui l’a remportée, suivie des régions du Lac-Saint-Louis et de l’Outaouais.